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Gérer un sanctuaire (4)



sanctuaire et, sur cette base, collectent des fonds et dispensent parfois, sur Internet, des conseils d’une inexactitude dangereuse.

S’agissant des animaux « exotiques », Shirley McGreal a fait état du problème des personnes qui ont une sorte de ferme pédagogique ou une collection personnelle d’animaux de compagnie et qui se baptisent sanctuaire. Je n’ai pas mentionné que j’avais vu des petites fermes qui en réalité exploitaient des animaux en utilisant le mot « sanctuaire » dans leurs noms. J’ai fait quelques commentaires à la fois durant ma présentation et durant la discussion au sujet des micro-sanctuaires. En voici l’essentiel, qui représente mon point de vue personnel plutôt qu’une position officielle de VINE :

Dans un monde où les animaux non humains sont exploités, déplacés, et tués par tous les moyens imaginables, nous avons besoin de refuges de toutes sortes, y compris de micro-refuges. J’encourage vraiment toute personne ayant du terrain, quelle qu’en soit l’étendue, à imaginer comment le transformer en refuge. Cela peut signifier construire un poulailler pour des coqs mais cela peut aussi vouloir dire offrir un abri aux ratons laveurs qui sinon risquent d’être persécutés par le voisinage. Rappelez-vous que toutes sortes d’animaux vivant en liberté ont aussi besoin d’un refuge.

Mais créer un refuge n’est pas tout à fait la même chose que se baptiser « sanctuaire », déposer une demande de statut 501(c )3(4) et récolter des dons. Pour faire cela, je pense que l’on doit vouloir offrir refuge et soins à certains animaux de façon permanente, tout en œuvrant à défendre les intérêts de ces animaux. On devrait être disposé à rejoindre la communauté des sanctuaires, dans l’optique d’un partage de ressources et aussi d’une recherche de supervision.

Lorsque nous avons commencé, nous avons reçu une aide considérable de la part d’autres refuges. Je me souviens encore du jour où, à la fin d’un évènement, Farm Sanctuary nous a offert le contenu du pot contenant les dons, parce que nous en avions plus besoin qu’eux. Karen Davis a dit un jour à l’un de ses plus importants donateurs de nous acheter un poulailler, et il l’a fait ! Dans le même esprit, nous nous sommes tenues à des collectes de fonds modestes durant les années où nous ne nous occupions que de poules, comprenant bien que les coûts des sanctuaires accueillant de grands animaux étaient beaucoup plus élevés. Je pense que si les micro-refuges font preuve de ce genre de circonspection, peut-être en recherchant des soutiens auprès de leurs propres cercles sociaux plutôt qu’en entrant en compétition pour l’obtention de fonds qui autrement pourraient bénéficier à des refuges ayant des besoins plus importants, ce pourrait être une excellente façon d’augmenter la somme d’argent disponible pour l’ensemble des sanctuaires.

J’espère que les personnes qui gèrent des micro-refuges (ou simplement des nouveaux refuges) comprendront la nécessité d’une supervision, et la rechercheront même si la réglementation ne l’exige pas. C’est ce que nous avons fait depuis le début. Du temps où nous étions un refuge pour poules, nous avons pris soin d’inviter Karen Davis plusieurs fois par an. « Ce n’est pas une inspection » a-t-elle dit la première fois, mais nous savions toutes que c’en était une. Après cela, elle venait simplement dîner ou s’arrêtait en allant à un évènement ou sur le chemin du retour, et nous pouvions dormir plus tranquilles, sachant que la plus éminente défenseuse des poules avait vu et approuvé notre façon de faire.

Aujourd’hui, comme alors, nous saisissons toutes les occasions de recevoir des fondateurs ou des membres du personnel d’autres sanctuaires pour animaux de ferme ou de centres de réhabilitation pour animaux sauvages, et d’autres professionnels des soins aux animaux. Par exemple, au cours de l’année dernière, nous avons reçu la visite de plusieurs universitaires qui étudient les sanctuaires pour animaux de ferme, de membres d’une équipe d’un sanctuaire pour animaux de ferme, d’un administrateur d’un autre sanctuaire pour animaux de ferme,  du fondateur  d’une éminente organisation de sauvetage d’animaux, et de trois personnes spécialisées dans les soins et la réhabilitation des oiseaux sauvages.

Ce type de visites, associées à des consultations régulières avec des vétérinaires et avec nos collègues d’autres refuges,  ainsi que les procédures exigeant des membres très compétents de notre équipe qu’ils se concertent pour certaines décisions, contribuent énormément à assurer la qualité de nos soins aux animaux. Cela ne change pas le fait que des décisions difficiles devront être prises (et que parfois des erreurs seront faites), mais cela nous aide à dormir la nuit. J’espère que ceux qui créeront des sanctuaires, micro ou autres, feront de même.





4. Equivalent du statut d’association d’utilité publique en France.[NdT]





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